POLICE COLUMERINE

Vœux de la police : le maire réclame du renfort et annonce des caméras

La police columérine a été très efficace en 2009. Pour l'aider, le maire envisage plusieurs mesures.

Un policier ne peut jamais être totalement satisfait. Au moment d'offrir la galette à ses invités et à l'ensemble de son personnel, le commandant Marc Terrail, évitait soigneusement tout triomphalisme.

«Certes, dit-il, les chiffres sont bons, la délinquance en général a régressé mais il faudrait atteindre un taux d'élucidation des affaires bien supérieur pour s'en contenter.» L'accroissement d e la population, la soudaine sortie de terre de nouveaux quartiers comme les Ramassiers, les délits commis par des voyous venus de Toulouse ou d'ailleurs sont autant de facteurs qui ne facilitent pas tâche des policiers columérins. Mais, comme le dit le commandant Terrail, « leur efficacité tient à leur présence maximum sur le terrain et à leur réactivité. »

Les véritables informations ont plutôt été données par Bernard Sicard. Après avoir salué la présence de Yann Ludmann, sous-préfet à la ville, arrivé depuis quelques mois et remercié le commandant et son équipe pour leur action, le maire de Colomiers démontra son souci d'améliorer encore la sécurité de ses concitoyens en annonçant plusieurs mesures.

Renfort nécessaire
«Tout d'abord, je tiens à dire que je suis intervenu auprès du Préfet pour que le Ministère de l'Intérieur renforce nos effectifs de police. Il n'est pas normal que ceux-ci aient baissé alors que Colomiers se développe. L'effectif doit être en adéquation avec la population de la ville et avec son activité.

Le maire aborda ensuite la question de la police municipale, complémentaire de la police nationale.
« Nous allons renforcer nos effectifs consacrés à la prévention et à la protection civile, qui sont actuellement de 25 agents . Nous envisageons d'en ajouter quatre de plus. Mais surtout, en liaison avec la police, nous allons effectuer un travail de réflexion sur les missions et sur les amplitudes horaires des agents. Enfin, nous sommes en phase avec la direction départementale de la police et le procureur pour créer le conseil local de surveillance, de prévention de la délinquance.»

Il avait gardé le meilleur pour la fin. « Nous allons lancer l'étude d'installation de caméras de vidéo-prévention. Il n'est cependant pas question de mettre de la vidéo partout. Il faudra d'abord étudier les zones ;»Le dispositif devrait être prêt d'ici début 2 011.» Mais d'ici là, les policiers veilleront au grain.

Lors des vœux de la police, Bernard Sicard, maire de Colomiers a confirmé l'intention de la municipalité d'installer des caméras de vidéo-prévention en plusieurs endroits de la ville.

L'annonce n'a surpris personne tant le sujet fait débat depuis de longs mois. Les policiers, eux, voient plutôt d'un bon œil l'arrivée des caméras, programmée en 2 011. «On ne peut qu'y être favorable, indique le commandant Marc Terrail . Mais il insiste aussi sur la nécessité de renforcer un effectif dont le nombre (50 personnes) n'a pas évolué en même temps que la démographie de la ville.

De son côté, Henri Reulet, adjoint chargé de la prévention et de la tranquillité publique, a soigneusement évité de répondre à nos questions.

Chez les commerçants, on se réjouit , notamment le président Vaissières dont la boutique a été cambriolée en fin d'année : «La police ne peut pas tout faire et être partout en même temps. » Il semble que la population penche favorablement pour les caméras. « Mais pas partout et pas n'importe où», dit le maire qui préconise la création d'un PC centralisé qui prendrait en charge trois ou quatre communes à la fois. Une mutualisation de moyens qui s'explique par le fait que Blagnac aura 27 caméras de vidéo-dissuasion (à chacun son appellation) en septembre 2010, que Tournefeuille qui en possède déjà cinq en r ajoutera quatre ce mois-ci et que Fonsorbes inaugurera la première au printemps. Seule voix discordante contre ces projets, financièrement encouragés par l'État, celle de la Ligue des Droits de l'homme qui doute de l'efficacité du système et estime qu'il remet en cause les libertés individuelles. La vidéo-prévention n'est sûrement pas la panacée. Mais, d'ici 2011, à Colomiers, les caméras vous auront probablement à l'œil.


Pour ou contre : ils réagissent
Danielle D-C, passage du Mont-Dore : «Avec l'accroissement de la population et de la délinquance, l'installation de caméras se surveillance s'impose. Je pense notamment au centre ville où sont installés des commerces, certains ayant été plusieurs fois cambriolés. Je pense aussi aux parkings et dans les garages en sous-sol où ont été perpétrés de nombreux vols et même incendies volontaires. Actuellement, il y a un réel danger à descendre dans nos garages ».

Bernadette Duval, Colomiers : « Je suis tout à fait pour l'installation de caméras. Il faut être très vigilant, principalement la nuit. C'est la peur au ventre que l'on gare sa voiture, dans les parkings, au risque d'être agressée. Et aussi de retrouver son véhicule endommagé pour vols.

Tous ces véhicules qui stationnent n'importe comment, sur les trottoirs, même sur les ronds points, témoignent bien de l'insécurité qui règne sur Colomiers.

Le centre ville et les parkings devraient être équipés de vidéo. Ce n'est pas une atteinte à la liberté, mais une sécurité pour chacun de nous».

Bernard Bessede, allée de la Quillane : «L'installation judicieuse d'une vidéo-surveillance dans la ville va dans un premier temps faire baisser sensiblement la violence. Mais par la suite, l'effet de surprise passé, il suffira aux auteurs d'infractions de se masquer ou de se déplacer dans des zones non surveillées pour échapper à tout contrôle ».

Yves Pingret, Colomiers : «Suite à la proposition judicieuse du maire d'installer des caméras de surveillance, je suggère la mise en place de l'une d'elles au parking des bus de la gare afin de dissuader les «malfaisants» de dégrader l'ensemble des «profilits» des abribus. Ceux-ci étant payés par les contribuables que nous sommes».

Jean-François Mignard, Toulouse, Ligue des Droits de l'Homme : "…On pourrait développer les dangers et l'inefficacité de tels dispositifs, à l'instar des évaluations faites chez nos amis anglais pourtant champions en la matière et qui se posent aujourd'hui beaucoup de questions... On ne peut que s'interroger devant cette dérive : à Colomiers comme ailleurs, les municipalités deviennent aux frais de leur population des auxiliaires de police… Est-ce vraiment le rôle qu'attendent d'elles les citoyennes et les citoyens ?».


François Dumas, adjoint au maire et président de la Ligue des Droits de l'Homme: «Je suis contre» Adjoint au maire, délégué à la petite enfance, à l'éducation, à l'accompagnement scolaire et à la citoyenneté, François Dumas est aussi le tout nouveau président de la section des Droits de l'Homme « Colomiers Ouest-Toulousain ».

À ce titre notamment, il est contre le projet d'implanter des caméras de prévention dans la ville de Colomiers. « En ce qui concerne la Ligue, dit-il, on ne va pas soutenir les démarches ultra-sécuritaires que veut Nicolas Sarkozy. Tous ceux qui ont mis en place de tels systèmes n'ont pas résolu les problèmes. ça ne dissuade personne et ça ne fait pas baisser la criminalité. Par contre, cela donne le sentiment aux habitants d'être «flicqués» en permanence. On rentre dans une société hideuse. Ce système, c'est de la poudre aux yeux et ca coûte cher car en plus des caméras, il faut mettre en place un système pour collecter les images et les traiter . Il y a mieux à faire que de payer des gens pour surveiller les Columérins. Ici, c'est une commune de gauche. On ne doit pas faire tout et n'importe quoi ! »

Le débat sur les caméras de vidéo-prévention souhaités par la mairie suscite de nombreux commentaires.

L'opinion d'Alain Refalo
Tous les rapports internationaux depuis 2000, notamment ceux de Scotland Yard, concluent à l'inefficacité de la vidéo-surveillance. Il s'agit d'une mesure d'affichage à visée électoraliste qui ne s'attaque pas à la source de la délinquance et de la criminalité. Il est regrettable qu'une municipalité de gauche s'inspire de la politique sécuritaire de la droite au pouvoir. L'argent gaspillé serait mieux utilisé à des programmes de prévention de la violence dans les quartiers en lien avec les associations de terrain.

Pascal Dejardin nous écrit :
Columérin depuis plus de 10 ans je ne peux que saluer et encourager ce type de projet. Il était temps que M. Sicard se penche sur ce point. Il faut à mon sens commencer par sécuriser le centre ville avec la place de l'hôtel de ville et ses proches alentours comme la piscine, la place du marché.etc.

Au-delà des moyens matériels, la vidéosurveillance doit être « couplée » à un opérateur dédié à la recherche d'incidents pour être réellement efficace. À mon sens, cet opérateur doit être privé (agent de vidéosurveillance) qui pourrait contacter les forces de l'ordre lorsqu'un incident « live » est repéré par l'opérateur… Il peut aussi archiver les séquences qu'il pourra, là aussi, dans certains cas, remettre aux forces de l'ordre…Ce ne serait pas pertinent de confier le système vidéo à la police nationale qui, elle, doit uniquement intervenir et se concentrer sur cette seule mission… La prévention est du ressort d'un opérateur qualifié aguerri à l'utilisation d'un système vidéo.