Les petits bonheurs de plein-vent

Maryse s'est levée à cinq heures mercredi matin. « J'ai bien déjeuné, j'ai soigné ma centaine de poules et j'ai pris la route. Quand j'ai vu qu'on était dévié par Mondonville, j'ai eu peur. La route est pleine… de nids de poule. » Mais les œufs « de plein air, Madame, pas de batterie », sont arrivés intacts au marché dans un grand bidon.

Et Maryse a retrouvé son habituel voisin, le sympathique Raphaël. « Moi, je suis marchand de fleurs pas fleuriste, sourit le joyeux drille qui affiche sa trentième saison à Colomiers. Chaque semaine, Raphaël vient du Tarn-et-Garonne. « La plupart du temps, je travaille dans mes serres. Le jeudi, ici, je vends mes bouquets de fleurs coupées. » Bien sûr, le marché n'échappe pas à la crise. Et le temps frisquet n'arrange guère les affaires. « Mais il faut se contenter de ce qu'on a et faire avec la météo », lâche Raphaël en tendant un bouquet de roses à sa cliente.
« Vous savez, aujourd'hui, il y a même des dames qui achètent des fleurs pour les messieurs », s'amuse le jardinier.

À côté, ça papote : « Ici, il y a une super ambiance. Rien à voir avec un magasin. On peut raconter des bêtises, la clientèle reste fidèle. Et puis, on casse la croûte toute la matinée », raconte la tonique fermière.

Voilà un habitué : « C'est Mac Gyver. Il répare tout ». Le géant repart avec sa douzaine, dans une boîte plastique, En cette fin matinée, le froid n'a pas engourdi les langues.

Sujet de discussion, le tragique accident de quatre jeunes de Fleurance. Faut-il incriminer le cafetier ? Les jeunes boivent-ils trop ? Mais nous, on n'en faisait pas des conneries à notre époque ? Seulement, ils roulent avec des bombes, nous, on était en 2 CV… » À 10 € la douzaine, chacun dit la sienne.

Raphaël s'approche avec un bouquet de lucky bambous. Maryse éclate de rire. Le marché, c'est un bonheur tout simple à partager.