DEPISTAGE DU CANCER
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DEPISTAGE DU CANCER
Dépistage du cancer : la découverte qui change tout
Une équipe de l'Inserm vient de publier des travaux portant sur un marqueur biologique unique présent dans 11 cancers. Alors que l'Institut Claudius-Régaud de Toulouse travaille aussi dans ce sens, cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour le dépistage.
Alors que les chercheurs du monde entier sont à la recherche depuis des années d'une molécule unique capable de prouver l'existence d'un cancer à un stade précoce, une équipe française vient de faire une découverte capitale dans le diagnostic de 11 cancers.
L'unité 955, dirigée par Nicolae Ghinea, docteur en biologie et directeur de recherches à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), vient de publier le résultat de quelque dix ans de travaux dans l'édition d'hier de la prestigieuse revue américaine The New England Journal of Medicine.
Les chercheurs français ont mis au jour la présence d'un marqueur biologique dans les biopsies de 1 336 patients souffrant de 11 types de cancers à différents stades de la maladie. Les cancers étudiés - qui représentent « 70 % des cas de cancer et 90 % des cas de décès » - ont été ceux de la prostate, du sein, du colon, du pancréas, de la vessie, du rein, du poumon, du foie, de l'estomac, des testicules et des ovaires. D'autres cancers pourraient être concernés, mais ils n'ont pas encore été étudiés.
Concrètement, les tumeurs de tous les patients participants à l'étude présentaient systématiquement une protéine-récepteur de l'« hormone folliculo stimulante » (ou FSH), une hormone d'origine hypophysaire synthétisée dans le cerveau et que l'on retrouve dans les organes reproducteurs, les ovaires et les testicules. Lorsque le patient n'a pas de cancer, la FSH se retrouve uniquement au niveau de ces organes.
Dans le cas contraire, les chercheurs ont détecté par imagerie la présence de récepteurs à la FSH sur la surface des cellules endothéliales qui tapissent l'intérieur des vaisseaux sanguins nourriciers, à la périphérie de la tumeur. Cela permet donc aux médecins d'avoir « une cible facile pour les agents de diagnostic et de thérapie injectés dans le sang ».
Au centre anti-cancer toulousain Claudius-Regaud, des recherches analogues sont actuellement menées (lire ci-dessous) et devraient aboutir d'ici la fin d'année.
Reste que si c'est la première fois que l'on identifie une molécule commune à plusieurs types de tumeurs, la route est encore longue vers la mise au point un jour d'un médicament universel. « C'est maintenant que tout commence », a dit hier le Dr Ghinea.
« C'est une vraie avancée »
Docteur Jean-Pierre Armand, directeur général de l'Institut Claudius-Regaud à Toulouse.
La découverte de l'équipe de l'Inserm constitue-t-elle une vraie révolution ?
Je connais bien cette équipe et lorsque j'étais à Villejuif, j'ai assisté aux premiers résultats de ce qui n'était alors qu'une hypothèse solide. Aujourd'hui, ça y est, les travaux sont reconnus avec la publication dans le New England Journal of Medicine et c'est une avancée importante dans le diagnostic des cancers, qui est l'une de nos préoccupations ; la seconde étant bien sûr le traitement des cancers avec notamment la médecine personnalisée.
Le biomarqueur mis au point par l'Inserm permet de diagnostiquer 11 cancers. Peut-on imaginer aller plus loin ?
11 cancers, c'est déjà énorme, même si cela pourrait aller un peu plus loin. Tout le monde rêve de trouver un jour le marqueur unique pour tous les cancers, mais on n'en est pas encore là. Chercher à améliorer le diagnostic des cancers passe aussi par une diversification des approches ; c'est ce que nous nous efforçons de faire à Claudius-Regaud.
Vous êtes en compétition ?
Oui, c'est une compétition mais dans le bon sens du terme.
L'équipe parisienne a travaillé sur un biomarqueur, le FSH, qui n'est présent que dans les testicules et les ovaires. Si ce biomarqueur est détecté à la surface de certaines cellules ailleurs dans l'organisme, cela signifie que le patient a une tumeur de l'un des 11 cancers.
La démarche de nos équipes à Toulouse, entamée il y a deux ans, est différente. Nous avons reconnu un anticorps qui peut être détecté lors d'une simple prise de sang. Nous faisons les premiers tests avec une centaine de patients porteurs de cancers du sein et du poumon. Nos travaux devraient aboutir d'ici la fin d'année avec une publication.
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