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Les acteurs inattendus du Livre en Midi-Pyrénées

Discrète et réservée aux initiés, l’industrie du Livre en Midi-Pyrénées n’en demeure pas moins très dynamique. Selon les dernières données du Centre régional des lettres, le secteur emploie un peu moins de 10.000 personnes sur la région, dont 200 auteurs, avec 2500 entreprises et quelque 941 millions d’euros de chiffre d’affaires.

À quelques jours du Salon du Livre qui se tiendra les 6 et 7 novembre 2010 au centre de congrès Pierre Baudis, Le P'tit Col'Porteur a décidé de s’intéresser à certains de ses acteurs, parmi les plus inattendus.

D’Anarchis, spécialisé dans le manuscrit ancien à "Up Up Up", plieurs de papiers animés, en passant des maisons d’éditions à fort potentiel, le livre possède quelques bonnes feuilles en région.

« La culture est un préalable au développement économique »

Michel Perez, président du CRL et de la commission culture en région

Le Centre régional des lettres de Midi-Pyrénées conjugue différentes actions pour promouvoir et soutenir l’industrie du livre en région. Il développe des partenariats, organise des rencontres littéraires - dont le Salon du Livre - et attribue des aides d’écriture. Michel Perez, président du CRL et de la commission Culture en région, nous parle des spécificités de la politique du livre en Midi-Pyrénées.

André Malraux disait que l’audiovisuel, le cinéma et le livre relèvent de l’industrie culturelle. Comment arrive-t-on à faire coexister l’industrie et la culture ?

La question n’est pas de faire coexister culture et industrie. Il y a automatiquement corrélation entre ces deux secteurs. Le développement culturel entraîne un développement économique. Le premier souci de l’élu en charge d’un service culturel est de proposer un projet artistique. Ces propositions artistiques vont automatiquement avoir des incidences économiques que ce soit en terme de consommation ou d’emplois. C’est vrai pour le livre et le cinéma mais on pourrait dire la même chose pour le théâtre ou toute autre forme artistique. Il est vrai cependant que l’on utilise plus facilement le terme d’industrie pour le livre et le cinéma.

La culture est un préalable au développement économique. Un industriel ne s’installe plus dans un désert culturel. Par expérience je peux affirmer qu’un projet artistique peut entraîner un projet économique. Le mécénat culturel s’inscrit d’ailleurs dans cette relation construite sur l’apport mutuel des deux partenaires.

Quelles sont les spécificités de la politique du livre en Midi-Pyrénées ?

La plupart des régions ont adopté la mise en place de CRL touchant toute la filière du livre et en partenariat avec l’État et le Conseil régional. Si une spécificité peut être trouvée, elle est liée à la configuration géographique de notre région particulièrement étendue avec, autour d’une grande métropole, des territoires ruraux qui aspirent à vivre économiquement et culturellement. Certains ont fait de leur projet culturel leur marque identitaire (Marciac, Pronomades dans le canton d’Aspet, etc.)

Pour revenir au livre, rappelons que Midi-Pyrénées a investi plus de 11 millions d’euros depuis 1998 sur des programmes d’équipement de bibliothèques et médiathèques.

Quels sont les points forts de votre politique du livre en région, de quels leviers disposez-vous pour soutenir cette industrie ?

Pour ce qui est de l’économie du livre et du soutien direct à la librairie et aux maisons d’édition, la Région Midi-Pyrénées a structuré son intervention autour de plusieurs points. D’une part, les aides à l’édition avec un dispositif d’aide à la fabrication et d’aide à la traduction pour accompagner la prise de risque économique, soutenir la diversité de la production éditoriale et permettre la constitution de catalogues durables. Ensuite, la promotion des maisons d’édition avec un dispositif global pour soutenir le développement économique et créatif des maisons d’édition, aide aux déplacements hors région, présence à des Salons, dont le Salon du livre Midi-Pyrénées que nous organisons. Enfin, les aides à la librairie avec un programme régional qui comprend l’aide à la création d’emploi, au conseil, à l’informatisation et aux services numériques.

Le CRL œuvre à la mise en place de ces dispositifs mais assure également un accompagnement des professionnels en terme de conseils dans l’élaboration de leur projet et le développement de leur structure. Il propose aussi aux éditeurs et aux libraires un service gratuit d’assistance juridique.
De plus, nous réfléchissons actuellement avec les services et les élus régionaux à un dispositif de transmission-reprise de librairies.

Que représente ce secteur en terme d’emploi, de chiffre d’affaires ?

Une étude du CRL de 2003 mentionnait 2.500 établissements, 9.400 salariés et 941 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la filière.

Combien d’acteurs composent ce secteur ? auteurs, éditeurs, libraires.

la région compte 130 structures éditoriales, une petite centaine de librairies et près de 200 auteurs recensés.

Les identités régionales sont-elles importantes dans votre soutien à cette industrie ?

Une attention est portée sur l’édition en occitan que nous traitons dans un plan global pour l’occitan. Nous avons une telle richesse patrimoniale en Midi-Pyrénées qui constitue l’élément principal de la fréquentation touristique que notre partenariat est incontournable mais l’on va de plus en plus vers des supports numériques.

Soutenez-vous des entreprises extérieures à la Région ?

Non. Par contre les projets de coédition, entre une maison de Midi-Pyrénées et une ou plusieurs maisons d’édition d’une ou plusieurs régions, peuvent recevoir une aide à l’édition. Dans le domaine du cinéma nous soutenons des projets à condition que les films soient tournés en Région et qu’ils fassent appel à nos techniciens régionaux. Nous avons là une réelle source d’emplois.

Qu’est-ce qu’internet a modifié dans le paysage du livre en région ?

Le CRL a entrepris un travail de veille sur cette question et se veut à terme un observatoire du livre et de la lecture en région. Les questions du numérique y occuperont une place centrale. Actuellement de nouveaux modèles économiques se cherchent, nous y sommes attentifs et nous sommes aussi à l’écoute des professionnels pour les aider à passer ce cap difficile.
Le CRL travaille actuellement sur un état des lieux de l’édition en Midi-Pyrénées dont le rendu est prévu pour l’été 2011. La place d’internet et du numérique y sera abordée avec des recommandations à la clé.

Quelles sont les maisons d’édition importantes - par leur taille - en Midi-Pyrénées ? Comment se comportent les plus petites ?

Dans les 10 premières on peut mettre Rando, Milan, Sedrap, Rouergue, Privat, Eres, Plume de carotte, Cepadues, les Éditions de terrain et les Nouvelles éditions Loubatières. Les chiffres d’affaire de ces maisons vont de 13 millions à 320.000 euros.

Sur les deux dernières années nous avons noté la création de 5 petites maisons d’édition : Petite plume de carotte Délit d’édition, Un thé chez les fous et Le vengeur masqué à Toulouse, ainsi que Zanzaibar à Muret.

Deux arrivées dans notre région sont aussi à signaler : Les fondeurs de briques dans le Tarn, avec un catalogue de littérature étrangère et française, et Xiao Pan à Figeac, tournée vers les bandes dessinées chinoises.

Ce recensement témoigne d’un certain dynamisme sur lequel il convient de rester prudent dans le contexte économique actuel. On note également la « centralisation » des maisons sur la métropole toulousaine.

Les éditions Erès au top du marché du livre

Confidentielles mais reconnues sur leur secteur, les éditions Érès produisent depuis Toulouse des ouvrages diffusés en France et à l’étranger. Avec succès.

Pour le grand public, c’est une maison inconnue. Pour les professionnels de la santé mentale ou de l’action sociale, c’est quasi une institution. Les éditions Érès prospèrent depuis trente ans sur une niche très spécifique des sciences humaines*, déployant annuellement 90 titres et 60 numéros de revues spécialisées sur une bonne partie de la francophonie.

L’entreprise a trouvé son rythme depuis ses débuts dans le bureau de Jean Sacrispeyre, le père de la nouvelle gérante. C’est à l’initiative de Georges Hahn, tout comme lui ancien des Éditions Privat à Toulouse, que Jean Sacrispeyre lance sa propre structure. Avec un mode de fonctionnement relativement atypique qui permet encore aujourd’hui à cet établissement de demeurer indépendant et de se développer sereinement aux côtés de mastodontes nationaux du secteur comme Gallimard ou Odile Jacob.

C’est que chez Érès, en limitant son audience, on connaît parfaitement son public. Exclusivement des professionnels dont la maison scrute l’évolution de l’activité pour proposer des projets de livres collant à l’actualité et aux interrogations de leur filière. Des lecteurs qui sont ou deviendront pour certains d’entre eux auteurs chez Érès.

Une production artisanale
Marie-Françoise Dubois-Sacrispeyre, à la tête des éditions depuis l’an dernier, compte ainsi 2.000 contributeurs réguliers. Soit qu’elle leur propose un projet, soit qu’ils la sollicitent. De là prendra forme le livre ou la revue. De la fabrication à la commercialisation, par le biais de Volumen, tout est fomenté à Toulouse. Seule l’impression est délocalisée, dans le Quercy ou en Touraine.

Les ouvrages sont distribués au gré d’une promotion soutenue par les auteurs qui mettent à disposition d’Érès leurs réseaux relationnels et associatifs. Afin que chaque ouvrage parvienne à l’équilibre. « L’investissement consenti pour un livre publié à 1500 exemplaires va de 3.000 à 5.000 euros », précise Marie-Françoise Dubois-Sacrispeyre.

Les marges sont réduites une fois la diffusion, qui représente 56% du prix de vente, et les droits d’auteur réglés. Mais le modèle économique est une réussite. Fortes de 9 salariés, les éditions Érès se portent très bien. Le chiffre d’affaires a progressé de 12% en 2009 pour s’établir à 2 millions d’euros. Une tendance qui se poursuit selon Maire-Françoise Dubois- Sacrispeyre, toute surprise que son entreprise ne connaisse pas la crise.


*Les éditions Érès jouissent d’une forte notoriété pour leurs travaux dans le domaine des sciences humaines. Psychiatrie, psychologie, éducation, social constituent les thèmes de leur catalogue.

Up Up Up, les artisans du papier

Dans une petite rue pavillonnaire de la Côte Pavée, à Toulouse, Camille Baladi et Arnaud Roi ont aménagé un atelier où ils créent des projets pop-up pour les livres animés. Ingénieurs papier, ils nous font rentrer avec enthousiasme dans l’univers de l’illustration, qu’ils pratiquent ensemble depuis 2007.


On a tous en tête l’image d’un enfant ébloui par la découverte, au détour d’une page, d’une illustration qui s’anime. Comme par magie, le livre s’ouvre et le décor, en trois dimensions, se crée sous des yeux qui pétillent.

Parmi la petite dizaine de spécialistes français de l’ingénierie papier, Camille Baladi et Arnaud Roi se sont installés à Toulouse. Il est auteur créateur, elle se dit technicienne et maquettiste. L’un crée, l’autre exécute, selon le vocabulaire consacré. C’est à eux que s’adressent les éditeurs pour concevoir des illustrations de livres à système jeunesse, qui connaissent, depuis le milieu des années 2000, un regain d’engouement. « Nous travaillons avec les éditeurs sur commande précise, pour tout ou partie des illustrations d’un ouvrage, ou, de manière plus ouverte, sur une thématique. Il nous arrive également de prendre l’initiative et de proposer nos propres créations » témoigne Arnaud Roi.

Ils réalisent ainsi une quinzaine de projets par an, notamment pour le compte des Editions Milan. Une collaboration fidèle depuis le succès de « Si le loup y était », de l’auteur toulousain Philippe Jalbert, édité à plusieurs milliers d’exemplaires. A leur actif également, des collaborations à la création d’ouvrages pour adulte, comme « Jeux t’aime », paru aux éditions Tana, ou encore « Les nœuds de Janus » de l’artiste plasticien Jean-Michel Othoniel.

Une filière en Midi-Pyrénées ?
« On retrouve des traces de pop-up dans des manuscrits espagnols du 13ème siècle. Par exemple, un système d’axe rotatif dans des ouvrages d’astrologie pour illustrer le ciel » précise Camille Baladi. Dans la littérature jeunesse, le pop-up apparait au 18ème siècle. Son véritable succès date des années 1970, dans les pays anglo-saxons, férus de ce type d’illustration.

Aujourd’hui, on crée en France mais on produit en Asie. « Au-delà de 7.000 exemplaires, la Chine, la Thaïlande ou encore l’Inde ont des compétences et des savoir-faire reconnus que nous n’avons pas » estime-t-elle. Et d’ajouter : « On aimerait recréer une filière régionale ; ce serait éthiquement et écologiquement intéressant, mais forcément à des coûts plus élevés ». Les deux ingénieurs ont d’ailleurs déjà eu l’occasion de collaborer avec une imprimerie de Lavaur et un Centre d’aide par le Travail (CAT) de Saint Gaudens, chargé de l’assemblage, pour la réalisation d’un dossier de presse.

La création d’une telle filière pourrait même donner naissance à l’ouverture d’une école dédiée aux pop-up, inédite en France. Une piste de diversification sur laquelle Camille Baladi et Arnaud Roi, qui dispensent régulièrement des formations, pourraient se pencher, tant ils savent partager leur passion.

Okidokid, une offre inédite dans l’univers jeunesse

Il n’y a pas d’équivalent en France. Okidokid, créée il y a quelques semaines à Labarthe-sur-Lèze, se positionne comme la première agence de création et de conseil spécialiste de l’enfance. Une initiative de l’ex directrice générale des Éditions Milan.

Après avoir fait ses armes chez Gallimard, Rageot et Grüd, Justine de Lagausie aura connu et contribué à l’essor des éditions Milan. Responsable d’éditions, directrice générale et membre du directoire du groupe jusqu’en début d’année, elle aura vu les effectifs et le catalogue de la maison d’édition doubler en dix ans, et son chiffre d’affaires tripler.

Une maison « géniale, très créative et passionnante », qu’elle décide toutefois de quitter il y a quelques mois. « J’ai eu peur que cela devienne moins bien… que mon travail perde de sa substance, explique la jeune femme. J’étais consciente que partir impliquerait de créer ma boite, car il n’y avait pas d’autre opportunité dans la région, mais j’ai pris le temps, et mon projet a mûri doucement. »

Un travail en réseau
En septembre, les statuts d’Okidokid sont déposés. « Il s’agit d’une agence de création et de conseil en produits culturels pour enfants. Nous pouvons ainsi créer de A à Z des livres papier ou numériques, CD audio, jeux vidéo ludo-éducatifs, courts métrages… pour le compte de maisons d’édition. Mais aussi accompagner des entreprises qui souhaitent se lancer dans un secteur jeunesse en réalisant des études de marché, en préconisant des conseils en terme de positionnement marketing, etc. »

Une offre unique qui s’appuie sur plus de quinze ans d’expériences dans le monde de l’édition jeunesse et… un carnet d’adresses impressionnant. Celui de Justine de Lagausie et de ses associés, Valérie Carréno (éditrice - photographe) et Eric Marson (éditeur - directeur de collections). Auteurs, illustrateurs, graphistes, ingénieurs papier, artistes, producteurs audiovisuels… Okidokid veut certes travailler en réseau. Une première réunion est d’ailleurs programmée pour réunir dès décembre des entreprises et des free-lances de la région.

Objectif :
mobiliser des talents autour d’une même ambition : « Offrir aux enfants des contenus beaux et passionnants ! », conclut Justine de Lagausie.

Anacharsis ou les aventuriers du manuscrit perdu

De textes d’un autre âge, ils souhaitent créer des livres pour tout public. La maison d’édition toulousaine Anacharsis, tire son épingle du jeu depuis 2002. Quand l’histoire devient moderne.

Ils traquent les manuscrits anciens jusqu’à la Bibliothèque vaticane de Rome, la Marciane de Venise ou encore les fins fonds de la Catalogne. Les deux Indiana Jones-éditeurs débusquent ensuite dans nos universités les meilleurs experts en langues anciennes pour traduire ces récits en français contemporain. Amateurs de textes médiévaux, Charles-Henri Lavielle et Franz Olivié, historiens de formation, ont créé à Toulouse en 2002 la maison d’édition Anacharsis (un des sept sages de la Grèce Antique) « pour rendre accessible à tous cette littérature ancienne. On rentre dans ces textes d’aventures comme dans des fictions. On veut désinhiber le lecteur ».

La collection Famagouste, d’une quarantaine de titres aujourd’hui, est née ainsi. Dernière publication en date, « La saga d’Oddr aux Flèches », une saga islandaise du XIIe au XIVe siècle. « Tout un imaginaire à l’origine d’œuvres actuelles comme le Seigneur des anneaux », explique Charles-Henri Lavielle.

Succès et subventions

Et même si on est loin des 200.000 ventes du dernier roman d’une Amélie Nothomb, Anacharsis compte plusieurs ouvrages écoulés à 5.000 exemplaires dans près de 700 librairies en France. Le chiffre d’affaires de la maison d’édition progresse de 15 à 20% par an depuis sa création pour atteindre 150.000 euros en 2009.

« L’exercice reste tout de même tendu avec un résultat à l’équilibre et un fort besoin en trésorerie, lié au décalage d’au moins trois mois entre la commande du libraire et le paiement effectif via notre diffuseur. Pour cette raison, nous changeons actuellement nos statuts d’association à société coopérative au capital de 50.000 euros. Nous devrions pouvoir ainsi éditer une quinzaine d’ouvrages par an contre six à dix aujourd’hui », souligne Charles-Henri Lavielle. La région, le Centre national du Livre ou la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) soutiennent également l’éditeur à hauteur de 30 à 40% du coût de traduction et fabrication d’un livre.

Gagner en visibilité
Se revendiquant maison d’édition généraliste, Anacharsis a, depuis 2006, ouvert deux autres collections d’essais d’anthropologie et de romans contemporains. « On refuse ce terme de marché de niche, même si nous allons parfois chercher les textes au fond de niches ! Notre but est de tendre vers le grand public », plaisante l’éditeur, qui n’imaginait pas, justement, se heurter à autant de difficultés pour « être visible » auprès des libraires. Prochaine vitrine attendue, un stand au salon du livre de Toulouse.

Plume de carotte, un succès d’édition

Créée en 2001, Plume de Carotte cultive depuis bientôt dix ans sa spécificité sur le marché français de l’édition. Dès le départ, la maison toulousaine s’est consacrée aux histoires communes entre les hommes et les plantes. Des histoires qu’elle raconte dans de beaux livres aux adultes comme aux enfants et qui depuis cette année sont distribuées par un géant du secteur, Le Seuil-Volum.

Qui aurait misé il y a dix ans sur la longévité de Plume de carotte ? En se spécialisant dès sa création en 2001 dans les beaux livres, dans le registre ethno-botanique, la maison d’édition toulousaine a osé un pari qui a depuis largement porté ses fruits. Le temps de la récolte est venu et son fondateur, Frédéric Lisak a gagné son pré carré dans le paysage français de l’édition.

Au milieu des 65.000 livres publiés chaque année, la douzaine d’ouvrages que sème dans le même temps Plume de carotte semble invariablement trouver son public. « Notre pari est de concevoir des livres qui n’ont pas d’équivalent. C’est un choix stratégique et éditorial. Pour soigner notre catalogue, nous ne sortirons pas plus de douze ouvrages par an. Nous ne sommes pas dans une logique productiviste », expliquait l’éditeur il y a quelques années. Aujourd’hui, Plume de carotte n’a pas changé d’approche, juste de distributeur-diffuseur.

« L’Herbier parfumé » en rayon depuis le 21 octobre
Après Rando-Editions, c’est Le Seuil-Volumen, 3e acteur français sur son secteur, qui gère désormais la mise en place de ses ouvrages. « L’Herbier parfumé » , dernier d’une belle série qui a commencé avec « L’Herbier oublié » vendu à plus de 56.000 exemplaires, est depuis le 21 octobre disponible dans 1.300 points de vente en France. « Pour nous, c’est la garantie d’une meilleure visibilité notamment pour les titres jeunesse », précise Frédéric Lisak. Une préoccupation majeure pour la société toulousaine qui a créé en avril dernier Petite plume de carotte.

Dédiée à la jeunesse, cette maison d’édition à part entière fait la part belle à l’éducation environnementale des petits lecteurs. La sortie de son dernier ouvrage « L’Herbier du Petit Chaperon rouge » est prévue en novembre. Véritable succès d’édition, seule maison en France à être certifiée Iso 14001, Plume de carotte est même en passe de défier la crise.

Sur sa niche de marché, la société a réalisé 1,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009, en hausse de 22%, pour un résultat net de l’ordre de 7%.