Terrorisme : sites sous surveillance dans la région

Hier, à la faculté de Rangueuil et au centre commercial de Blagnac, les démineurs toulousains ont fait sauter des colis suspects.

La menace terroriste semble peser chaque jour un peu plus sur la France. Hier, une réunion des responsables français de la sécurité s'est tenue autour du président de la République. Dans le Grand Sud, de nombreux sites font l'objet d'une surveillance renforcée.

« Depuis quelques jours, un faisceau d'informations concordantes nous encourage à renforcer notre vigilance sans surestimer ni sous-estimer la réalité de cette menace », a indiqué, hier, Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, à l'issue de la réunion sécurité qui s'est tenue à l'élysée. Le ministre de l'Intérieur a en particulier cité « le message d'Oussama ben Laden ciblant pour la première fois exclusivement notre pays » avant d'évoquer les colis piégés en provenance du Yémen vers les États-Unis ou de Grèce et dont l'un était destiné au président Nicolas Sarkozy.

Si Paris semble particulièrement visé par la menace, le reste de la France, à l'instar du Grand Sud, n'est pas à l'abri d'un attentat.

Notre territoire abrite, en effet, des sites très sensibles, à commencer par les deux centrales nucléaires de Blaye en Gironde, et Golfech, en Tarn-et-Garonne. Le tissu industriel aéronautique et spatial oblige à la mise en place de dispositifs de surveillance renforcés. A Toulouse, EADS-Astrium est en vigipirate rouge depuis l'instauration du plan. L'établissement classé confidentiel et secret défense est sous la tutelle du ministère de la Défense, mais assujetti également aux règles des pays-clients qui sont ses donneurs d'ordre dans le domaine militaire et civil. Le même dispositif vise l'autre fabricant de satellites, Thales Alenia Space, mais aussi le Centre national d'études spatiales et sa « tour de guet » en liaison directe avec les satellites de défense européens et les services secrets. Autre endroit sous étroite surveillance, le Centre d'études de Gramat isolé sur le causse lotois qui expertise les programmes d'armement et piloté par la DGA.

Parmi les autres cibles emblématiques potentielles, le viaduc de Millau classé en point sensible numéro 2 de Vigipirate avec contrôles d'accès, surveillance accrue, assermentation des personnels… Aucune mesure particulière n'est venue se rajouter sur ce site surveillé jour et nuit par 53 caméras. Plusieurs barrages hydroélectriques du massif pyrénéens font aussi l'objet d'une attention particulière. Des entreprises chimiques et des raffineries, comme celle de Port-la-Nouvelle, les aéroports et les gares s'avèrent tout aussi sensibles.


4 430 policiers et gendarmes mobilisés. Ces 3 450 policiers et 980 gendarmes sont répartis sur l'ensemble du territoire et tout particulièrement à proximité des sites qualifiés de « très sensibles » comme les centrales nucléaires.

« La menace terroriste est extrêmement sérieuse. Nous travaillons avec nos alliés heure par heure et croisons nos renseignements. » Nicolas Sarkozy a réuni, hier, à l'Élysée, les responsables de la sécurité.

Airbus : plus de contrôles
Des mesures dites « additionnelles » ont été prises sur l'ensemble des sites Airbus de Toulouse, Colomiers et Blagnac, sans que l'avionneur communique sur la nature de son dispositif. Il s'agit de procédures plus coercitives, l'activité industrielle à forte valeur ajoutée faisant déjà l'objet de contrôles renforcés sur ses bureaux d'études dans le cadre de la lutte contre l'espionnage industriel. EADS abrite en son sein des services très spécialisés dans toutes les questions de sûreté. Voilà des années qu'il faut montrer patte blanche en entrant sur le site, comme d'ailleurs sur l'ensemble des établissements aérospatiaux. Il n'empêche que des failles peuvent exister. Lors de l'opération Family Day qui a rassemblé 149 000 personnes le 19 septembre dernier, il était clair qu'il était impossible de contrôler tout le monde.


Lourdes toujours en alerte[/b
]Les sanctuaires Notre-Dame de Lourdes, qui accueillent près de 6 millions de pèlerins chaque année, sont peu préparés à faire face à un attentat. L'alerte à la bombe du 15 août dernier a malheureusement permis de le vérifier. Ce jour-là, un homme avait appelé le commissariat de police pour annoncer qu'il avait placé quatre engins explosifs dans la ville. La préfecture des Hautes-Pyrénées avait aussitôt décidé de procéder à l'évacuation des 30 000 fidèles. Mais, l'opération s'est déroulée dans la confusion la plus totale. « On n'ose imaginer le carnage qu'il y aurait eu si ces bombes avaient été réelles », s'étaient alors inquiétés de nombreux observateurs.

La direction des sanctuaires rappelle cependant que « des gardes formés et vigilants, appuyés par un système de vidéosurveillance, sont là pour repérer tout comportement suspect et prévenir ce genre d'événement. » Il n'en demeure pas moins que l'accès au lieu saint est totalement libre. Même aujourd'hui alors que les évêques, réunis en assemblée pleinière jusqu'au 9 novembre, accueillent des chrétiens d'Orient.

Jean-Pierre Artiganave, le maire de Lourdes, fait remarquer « que pour l'heure, en France, jamais aucun site religieux n'a été pris pour cible ». Il n' en exclut pas pour autant que sa commune puisse être visée : « Tout peut arriver. C'est pourquoi la ville est en vigipirate rouge toute l'année et que nous venons de doter les abords des sanctuaires de caméras ». L'élu rappelle que les attentats perpétrés le 13 août 1983 (explosion d'une statue de Ponce Pilate par le groupe Arrêt-curés) et le 15 août 2001 (un homme a tenté d'entrer avec sa voiture qui contenait deux bonbonnes de gaz), « l'ont toujours été par des hurluberlus ou des personnes perturbées ».


[b]Nouveau plan de sécurité à la centrale de Golfech
Depuis le 1er septembre 2009, la centrale nucléaire de Golfech est protégée par un Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG), qui a succédé au peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) de Golfech. La différence se mesure en chiffres. Là où la centrale mobilisait, voilà quelques mois, 16 gendarmes, dont 4 auxiliaires volontaires, elle occupe désormais une quarantaine de militaires. Un gonflement de l'effectif qui n'est pas propre à Golfech. Tous les sites nucléaires français seront, à terme, concernés par l'installation d'un PSPG. Une présence renforcée des forces de l'ordre qui soulève de légitimes interrogations sur les missions des PSPG ainsi que sur les menaces dont pourraient faire l'objet les centrales nucléaires françaises. « Dès les années 1980, une convention liait EDF et la gendarmerie pour la protection des centrales, rappelle le colonel Saulnier, commandant du groupement de gendarmerie de Tarn-et-Garonne (autorité dont dépend le PSPG de Golfech), mais il est vrai que l'expansion du terrorisme, après 2001, a poussé à une plus grande prise de conscience collective de tout ce qui peut constituer une cible. » Après les attentats du 11 septembre 2001, le secrétariat général pour la Défense nationale (SGDN) a réévalué la menace terroriste et a décidé de mettre en place un nouveau dispositif de protection des centrales, avec des missions plus affirmées pour les PSPG, dont les deux premiers ont été expérimentés à Cattenom et Flamanville dès 2007. Le colonel Saulnier se veut clair : « La surveillance de la centrale et la réponse à tout type de menaces, de l'acte de malveillance jusqu'à l'action terroriste, sont les missions premières des gendarmes du PSPG recrutés, formés et équipés en conséquence ! »

Deux djihadistes interpellés[/b

]Alors que la menace terroriste qui pèse sur la France a franchi un cran supplémentaire avec le récent message d'Oussama ben Laden, le cerveau d'Al Qaïda, visant exclusivement l'Hexagone, Nicolas Sarkozy a convoqué hier matin une réunion avec des responsables français de la sécurité. Il a « notamment été décidé de renforcer, en partenariat avec un certain nombre d'États concernés, le criblage des passagers à destination de notre pays », a indiqué le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, au sortir de cette réunion. « Aujourd'hui quelques pays communiquent suffisamment en amont les renseignements sur les passagers. Il convient, en partenariat avec les pays intéressés, de proposer l'élargissement de ce nombre de pays, de manière à ce que l'analyse des profils de ces passagers soit mieux connue », a-t-il ajouté, précisant que le plan Vigipirate était maintenu au « niveau rouge renforcé » avec la mobilisation de 3 450 policiers et 980 gendarmes.

[b]Surveillance accrue des filières de recrutement pour le djihad
Au-delà des dispositifs concernant la sécurité, les enquêtes sur les filières islamistes progressent. Ainsi, deux frères, Français d'origine algérienne, dont l'un est suspecté de s'être rendu dans la zone pakistano-afghane et de s'apprêter à partir pour un pays du Moyen-Orient, ont été interpellés mardi en Seine-Saint-Denis. « Nous sommes dans le travail sur les filières de recrutement pour le djihad et surveillons ceux qui reviennent de ces zones de combat », a commenté un haut fonctionnaire de police. Selon lui, « certains ne bougent plus une oreille depuis leur retour, mais d'autres peuvent se livrer à une activité plus ou moins importante, avec des velléités de passage à l'acte ». Aussi, le présumé départ au Moyen-Orient du frère « pouvait revêtir cet aspect, mais, entendons-nous bien, il ne s'apprêtait pas à déposer une bombe quelque part », a poursuivi l'informateur. « Nous sommes là dans une vraie prévention du terrorisme ».