Evaluations de CM 2

Les instituteurs désobéisseurs et la FCPE, première fédération des parents d'élèves appellent au
« blocage » des évaluations de CM2 entre aujourd'hui et vendredi 21 janvier. En cause, leur système de notation « binaire » et un calendrier trop précoce dans l'année scolaire.

Nous refusons de faire passer cette batterie d'évaluations, placée trop tardivement dans l'année. Nos évaluations ont lieu tout au long de l'année, en cohérence avec le travail dans nos classes. » Lundi dernier, l'appel est lancé par 200 instituteurs « désobéisseurs » sur le site résistance pédagogique.org, soutenu par des milliers d'anonymes et des personnalités.

Le mercredi suivant, la FCPE, première fédération de parents d'élèves, appelle « au blocage » des évaluations de CM2, prévues entre lundi 17 et vendredi 21 janvier, au motif que le ministère de l'Éducation nationale n'a pas pris en compte les critiques sur leur calendrier et leur notation. Elle invite les parents à manifester leur refus par courrier auprès de l'enseignant, du directeur de l'école et de l'inspecteur d'académie. Ces évaluations en français et mathématiques, mises en place en 2009, ont toujours été très critiquées par les syndicats d'enseignants et la FCPE.

« Ces évaluations, par leur calendrier, leur contenu et leur notation, sont inutiles et même déstabilisantes pour les élèves » et « il n'est pas acceptable que des enfants soient évalués sur des choses qu'on ne leur a pas encore enseignées », estime le président national de la FCPE, Jean-Jacques Hazan.

« Un débat a eu lieu au sein d'un groupe de travail organisé par le ministère de l'Éducation nationale au premier semestre 2010. Des propositions ont été faites, notamment pour placer ces évaluations non plus en milieu ou en fin d'année mais en tout début d'année, afin que les enseignants puissent les utiliser pour repérer les difficultés de leurs élèves et mettre en place des réponses à ces difficultés.

Le ministère n'en a pas tenu compte. Il préfère manifestement un rapport de force inutile qu'une collaboration active avec la communauté éducative », a-t-il regretté. Sur le sujet, le SNUipp,syndicat majoritaire dans le 1er degré propose à ses partenaires syndicaux une expression publique axée sur le thème « des évaluations utiles aux élèves et aux enseignants ». Quant à la Peep, l'autre fédération de parents du public, elle a dénoncé mercredi, « la polémique et l'appel à la désobéissance prônée par des adultes ».

Elle a jugé « judicieux de vouloir évaluer » à l'issue du premier trimestre, car « c'est un trimestre important qui permet aux équipes éducatives d'avoir des données très précises sur la nature des difficultés de leurs élèves ».


L'Académie de Toulouse au-dessus de la moyenne

Les résultats des tests effectués en 2010 dans l'académie de Toulouse, en mathématiques comme en français, sont au-dessus de la moyenne nationale quand on compare l'excellence et en dessous de cette même moyenne quand il s'agit des élèves les plus en difficultés.

CE1/Français. 48 % des élèves ont plus de 41 bonnes réponses. Ils ont des acquis très solides. (résultat France : 44 %). 31 % des élèves ont entre 31 et 41 bonnes réponses (France : 31 %).

CE1/Mathématiques. 52 % des élèves ont plus de 25 bonnes réponses. (France : 47 %). 29 % des élèves ont entre 18 et 25 bonnes réponses. (France : 30 %).

CM2/Français. 49 % des élèves ont plus de 39 bonnes réponses. (France : 43 %). 30 % des élèves ont entre 29 et 39 bonnes réponses. (France : 30 %).

CM2/Mathématiques. 39 % des élèves ont plus de 23 bonnes réponses. (France : 35 %). 32 % des élèves ont entre 16 et 23 bonnes réponses (France : 32 %).



« Elles arrivent trop tôt»

Hélène Rouch, vice-présidente de la FCPE 31

Quel bilan tirer des premières évaluations ?

Les évaluations de CE1 et de CM2 ont été mises en place afin de situer les acquis de chaque élève par rapport aux objectifs définis dans les programmes. Ceci est la théorie. Dans la pratique, le fait que ces évaluations soient organisées au milieu du mois de janvier avec un système de notation très binaire (même s'il a un peu évolué en 2011) remet en cause leur intérêt. Si elles sont destinées à identifier l'aide nécessaire à apporter aux élèves afin de renforcer leur connaissance, ces évaluations arrivent trop tard car ce travail a déjà été fait par chaque enseignant dans les premières semaines de la rentrée. Si elles sont utilisées comme un outil de pilotage pour le ministère afin d'évaluer le niveau des enfants, elles arrivent trop tôt car les élèves n'ont pas encore vu la totalité des apprentissages sur lesquels ils doivent être jugés.

Cela crée-t-il des déséquilibres ?

En période de fortes restrictions budgétaires et de suppression de postes, ces évaluations ont été utilisées afin d'affecter les moyens qui sont de plus en plus réduits. Ainsi, sur Castanet, les équipes du RASED (qui prennent en charge des enfants présentant des difficultés d'apprentissage) n'interviennent plus sur les écoles qui ont eu les meilleurs résultats : c'est la gestion de la pénurie sans scrupule !

Que penser du livret personnel des compétences ?

Généralisé dans tous les collèges depuis 2009, il regroupe des domaines et des items mélangeant connaissances, capacités et attitudes. Les disciplines disparaissent pour laisser place à des pôles de compétences, les contenus s'appauvrissent, les objectifs à valider sont flous et ouvrent donc directement la voie à une validation totalement subjective des compétences et attitudes des élèves. Au-delà, le LPC est aussi un logiciel pour lequel il faut s'assurer que les données ne seront pas exploitées ou croisées avec d'autres bases de données pour des objectifs autres que l'accompagnement de l'élève.