Construction d'un nouveau parc des Expos à AUSSONNE

Urbanisme Déménagement pas avant 2014

Mardi, les trois équipes d'architectes en course pour la construction du futur parc des expos, à Aussonne, ont visité le site : 200 hectares, juste en face des usines Lagardère. Ils ont jusqu'au 2 mai pour peaufiner leur projet. Celui-ci devra obligatoirement comporter une salle de conventions de 15 000 m2 et un parc couvert (avec annexes) de 70 000 m2, contre 40 000 m2 aujourd'hui sur l'île du Ramier.

Aménagement urbain

« Avant la fin du mois de juin nous aurons retenu l'équipe lauréate pour cet investissement de 220 millions d'euros. Il sera construit le plus tôt possible, les critères de délais font d'ailleurs partie du choix », souligne Emmanuel de Séverac, directeur général de la Société publique locale d'aménagement du Grand Toulouse.

L'ouverture, un temps annoncé fin 2013, semble donc désormais s'éloigner dans le temps. « Il faut raisonnablement au minimum trois ans. Cela paraît difficile avant 2014-2015 », reconnaît Bernard Keller, le président de Blagnac Constellation qui réunit six communes du nord-ouest toulousain. Il peut d'ores et déjà compter sur le prolongement d'un kilomètre vers le nord de l'actuelle ligne de tramway. Tisséo l'a prévu. L'élu espère aussi que le conseil général créera les dessertes routières nécessaires pour le site, notamment le prolongement de la Voie lactée, en direction de Grenade. « Nous avons également demandé aux architectes de faire des propositions d'aménagement sur une surface plus large que le simple site du parc des expositions, qu'ils nous donnent des idées en matière d'habitat ou encore d'hôtels », poursuit Bernard Keller.

Une inconnue demeure : la gestion du parc sera-t-elle déléguée à un opérateur privé comme c'est le cas actuellement ?

Affichant jusqu'à 9 000 spectateurs, le Zénith de Toulouse fait rarement le plein. Et pourtant, une Arena encore plus grande pourrait voir le jour à Aussonne. Un projet qui fait déjà polémique.

Dans le cadre de la construction du nouveau parc des expositions à Aussonne, au nord de Toulouse, une salle multifonctions (congrès, sport, spectacles) de 15 000 m2 appelée « salle de conventions » est prévue. Cet équipement d'un coût de 157 millions d'euros, s'inscrit dans la lignée des Arena (grandes salles ayant une capacité d'accueil de 10 000 à 15 000 personnes) qui se multiplient en France.

Montpellier a inauguré son Arena le 3 septembre 2010. Le projet bordelais pour l'instant en attente, est parfaitement défini et sept autres salles du même type sont en projet dans l'Hexagone. Le rapport Constantini pointe un retard français en matière de construction de grandes salles « capables d'accueillir de grandes compétitions de sports en salle ». Il souligne également le fait que « les salles Arena coûtant 8 000 € par siège, il faut pouvoir y abriter de grands concerts pour les rentabiliser ».

A Aussonne, selon Joseph Carles, adjoint au maire de Blagnac et vice-président de la société publique locale d'aménagement du Grand Toulouse en charge du parc des expositions, « la salle de 9 000 places assises et 12 000 debout (contre 9 000 au maximum au Zénith), accueillera aussi des congrès scientifiques ou professionnels que le centre des congrès Baudis plus exigu, ne peut recevoir »…

Autant de projets envisageables dans le futur, poursuit l'élu, « en raison de la grande plasticité d'utilisation de ces salles multifonctions, bénéficiant d'équipements à la pointe de la technologie ». Un seul hic dans ce tableau idyllique : les producteurs de spectacles ne voient pas l'utilité de cette salle, étant donné que Toulouse dispose déjà du plus grand Zénith de France (lire ci-dessous).

Partenariat public-privé
Patrick Castres, spécialiste de l'histoire du sport et de l'olympisme au centre d'histoire de Sciences Po Paris met de plus en garde contre le mode de financement de ces salles. « Elles vont être financées pour l'essentiel par des partenariats public-privé. Ce sont des sociétés exploitantes qui vont en tirer profit. En revanche, en cas de déficit, les collectivités locales devront prendre le relais. Or, pour le moment, personne ne peut dire si ces outils sont surdimensionnés ou pas ».


Depuis le début de l'année, Yannick Noah est le seul chanteur à avoir rempli (deux fois) les 9 000 places du Zénith. Michel Sardou et quelques autres ont aussi fait le plein mais dans des versions « 100 % assis » de 6 500 places. L'année 2011 est assez moyenne pour le Zénith.

Concerts : ils sont tous contre !
Selon Gilles Jumaire (Bleu Citron) il n'y a pas plus de 10 artistes par an capables de remplir le Zénith en version 9 000 places. Quant à Michel Goudard, patron fondateur d'Euterpe, d'Alhambra productions, créateur des réseaux Box Office Sud Ouest (300 concerts par an 600 000 entrées), le sujet le fait carrément sortir de ses gonds. « On crée des salles de spectacles à foison qui ne sont pas forcément pertinentes du point de vue de l'aménagement du territoire. Que Bordeaux qui n'avait aucune grande salle et devait organiser ses concerts dans sa patinoire de 4 000 places ait son Arena : très bien. Mais à Toulouse, cela ne se justifie pas. Tous les spectacles que l'on pourrait y prévoir, y compris les comédies musicales dont je programme la majorité, rentrent au Zénith. Pour le spectacle, ce projet est une erreur financière ! »

Pour Gilles Jumaire la solution est ailleurs, dans « un lieu en plein air comme Sesquières, aménagé, pour faire venir de gros artistes ou de gros festivals ». Et de poursuivre : « Qu'on fasse des travaux pour aménager le stadium (c'est au programme de la Mairie, NDLR) afin d'accueillir des spectacles qui feraient 20 000 personnes et plus, deux à trois fois par an ; ce serait intéressant. Mais une salle de 12 000 personnes, ça ne sert à rien ! »