A qui profite le rugby business ?

Tandis que le monde entier se passionne pour la Coupe du monde qui se déroule en Nouvelle-Zélande, l’économie toulousaine profite de l’actualité sportive.

L’Ovalie a toujours été source d’inspirations pour les entrepreneurs du Midi. Du commerce aux brasseries en passant par la production de film et les jeux, plusieurs initiatives profitent de l’effet Rugby pour se lancer ou tout simplement rebondir. Avec toutefois la même incertitude que la course d’un ballon ovale à l’approche de l’en-but.


Source du dossier : Touleco[u]

Maillots de rugby : ils refont les stocks

Rugbyshop, site internet de vente en ligne installé à Saint-Alban et la boutique Mister Rugby ont prévu des stocks supplémentaires de maillots pour la Coupe du monde. Si ils tablent sur une hausse des ventes, ils sont liés aux résultats du XV de France.

Plus de 25.000 maillots, tee-shirts et polos devraient être écoulés par Rugbyshop entre septembre et décembre, dont la majeure partie durant la Coupe du monde de rugby. Kevin Bean, le co-gérant du site de vente en ligne, estime que le XV de France pourrait représenter 35 % des achats pour la période hiver.

Cet engouement pour la compétition est tout de même relativisé par l’intéressé. « Si c’était en France, l’impact serait plus fort. L’événement se joue à des milliers de kilomètres, le décalage horaire ne nous favorise pas », regrette le responsable. Il prévoit un chiffre d’affaires de 3,6 millions d’euros pour 2011, soit une hausse de 28 % par rapport à 2010. Mais la Coupe du monde n’est pas la seule raison de cette croissance. « La reprise du championnat et notre notoriété croissante comptent également même si on attend une activité supplémentaire. »

Le chef d’entreprise a embauché quatre personnes, l’une à temps plein et les trois autres à temps partiel pour gérer « l’excédent temporaire ». Kevin Bean attend désormais de voir le parcours des hommes de Marc Lièvremont qui aura nécessairement un impact sur son activité.
Trop tôt pour évaluer les retombées commerciales

Que l’équipe de France ait de bons résultats ou pas, Dan, le responsable de la boutique Mister Rugby dans le centre-ville, « a prévu lourd car il faut bien porter les couleurs de son équipe ». Le gérant a commandé six fois plus de maillots et autres polos qu’à l’accoutumée. « Habituellement j’ai une dizaine de maillots de la France et de la Nouvelle-Zélande, là j’en ai bien entre 60 et 70 en boutique », précise-il, distrait par le premier match des All-Blacks diffusé dans son magasin.

Ce passionné compte vendre 50 % de maillots en plus même s’il reconnaît que les matches de la France influenceront les clients. Les stocks sont donc prêts pour éviter la mêlée dans les boutiques. Mais la compétition se terminant le 23 octobre, les responsables sont d’accord, il est encore trop tôt pour dire si l’essai commercial sera transformé.

Ovalie : faites vos jeux !

À l’occasion de la Coupe du monde, deux éditeurs de la région toulousaine viennent de sortir leur jeu de rugby. L’occasion pour eux de profiter des retombées médiatiques de l’événement.

Il a un timing impeccable. La dernière fois déjà, le Toulousain Igor Davin avait sorti son premier jeu de société Kahmaté lors de la dernière Coupe du monde de rugby. Le jeu, d’ailleurs, s’était alors classé parmi les 10 meilleurs (classement Tric Trac 2008). Cette fois-ci, le fondateur d’Idéal Éditions remet ça : il vient de sortir, le 28 août dernier, l’application Iphone, Ipad et Ipod Touch du même jeu. « C’est une autre expérience. Avec l’appli, on peut jouer tout seul face à un petit robot qui vous répond », explique le concepteur, un fondu de jeux de plateau. « Mon objectif, ajoute-t-il dans la foulée, c’est d’avoir un budget à l’équilibre et que les ventes du jeu carton reprennent grâce à l’appli. »

Kahmaté, c’est quoi ? C’est un jeu de placement stratégique avec des pions, où deux équipes de rugby s’affrontent sur un terrain de 8 x 11 cases. « Il faut la jouer à la tactique et au bluff pour se défausser d’un maximum de cartes. C’est un jeu d’apéro, comme on dit, précise Igor Davin, qui se joue en 15-20 minutes. Pas plus. » Journaliste de profession, le petit éditeur espère pouvoir, à terme, sortir d’autres jeux et se lancer… pour de bon.
Après Kahmaté, Rugby Challenger

Même sport –le rugby–, mais autre jeu et autre état d’esprit. À Montauban, cette fois, Rugby Challenger devrait également profiter du battage médiatique autour de la Coupe du monde. Wilfrid Garcia et Pascal Antichan, respectivement technicien territorial et artiste-peintre, vont sortir à compter du 14 octobre prochain leur jeu de société. « On y joue tout simplement, assure Wilfrid Garcia. C’est un mélange de Jeu de l’Oie et de Trivial Pursuit. On avance sur des cases (sifflet, plaquage, mêlée…) et on répond à des QCM sur le rugby. De nombreuses écoles de rugby se sont d’ailleurs montrées très intéressées ! »

Côté business, les deux concepteurs ont bien flairé le filon. Car pour leur chiffre d’affaires (50.000 euros pour 2.000 boîtes), ils font coup double ! D’un côté, ils ont vendu les espaces publicitaires du terrain-plateau à des sponsors ; de l’autre, ils sont sur le point de signer un accord de distribution chez Auchan. Et les deux associés ne comptent pas en rester là, puisqu’ils préparent les sorties de recharges de cartes dédiées à la Coupe du Monde et aux clubs du Top 14, ainsi qu’une version anglo-saxonne et une autre 3e mi-temps du jeu. Comme quoi, en matière de sport et de business, mieux vaut être prêts lors des grands événements.

Les restos toulousains à l’heure de la Nouvelle-Zélande

Cafés et restaurants de la Ville rose espèrent bien profiter de cette nouvelle Coupe du Monde de rugby pour booster leur business et ce malgré les dix heures de décalage horaire. A l’heure du coup d’envoi de l’évènement sportif phare de la rentrée, Touleco a passé en revue quelques-unes des adresses les plus fréquentées par les toulousains férus de rugby.

A l’heure française, la plupart des matchs se déroulent entre 3 heures et 10 heures du matin. Décalage horaire oblige, les traditionnels bar-restos toulousains où sont habituellement retransmis les matchs de rugby, ont choisi d’adapter leurs horaires et menus à la compétition. Chaque matin, les petit-déjeuners et brunchs gastronomiques accompagneront les matchs retransmis en direct. En début de soirée les apéros-tapas animeront les rediffusions. Les journées promettent d’être longues et les nuits courtes pour certains !

Changement de décor à L’Evangelina
Point de chute habituel des inconditionnels de rugby, à L’Evangelina, Philippe Boisson, gérant de l’établissement, remet le couvert, celui qu’il avait déjà dressé en 2008 à l’occasion de la dernière Coupe du monde qui s’est tenue dans l’hexagone. A l’extérieur, la terrasse a retrouvé sa configuration bodega, sa pelouse synthétique, ses cinq écrans plasmas et sa bonne humeur.

Ici tout est en place pour profiter de chaque minute de jeu des Dieux du stade. Deux anciens chroniqueurs sportifs de Sud-Radio Pascal Lagorce et Christophe Midouge vous invitent à les retrouver pour les briefings, débriefings et 3e mi-temps en compagnie de leurs invités. Dans les assiettes : petit-déjeuners à l’anglaise servis en semaine, les week-ends des plats menus thématiques se déclineront en fonction des nationalités des équipes en présence.

Deux fois plus de bière au De Danu
Dans le pub de l’ancien rugbyman Trevor Brennan, le De Danu, pas question non plus de rater un seul match de cette Coupe du monde de Rugby. "Tous les matches sont diffusés en direct ", explique Sam, le responsable du soir.

Un petit déjeuner pour se réveiller en douceur est tout de même prévu. Croissant, café et jus de fruit sont au menu pour 4,50 euros. Pour ceux qui n’auraient pas le courage de se lever pour encourager leur équipe, les rencontres sont rediffusées la journée sur les huit écrans du bar.

Le De Danu s’attend à recevoir beaucoup de monde, en conséquence le pub a prévu deux fois plus de bière et d’alcool fort qu’à l’accoutumée. Néanmoins, le responsable du soir, Sam, craint que le décalage horaire ne freine quelque peu l’engouement des clients surtout en semaine.

Le Café 64 joue le jeu
L’état d’esprit est similaire dans le bar-restaurant de Frédéric Michalak le Café 64. Le lieu se met à l’heure néo-zélandaise et diffuse les matches en direct le matin. Dalila Essediri, gérante de l’établissement a commandé 10 % de stock de bière et café supplémentaire. Elle reste néanmoins prudente sur ses prévisions de fréquentation. "On attend de voir, avec le décalage horaire quand c’est tôt le matin et que tu as fait ta semaine…", laisse en suspens la gérante, avant de conclure "mais ceux qui viendront vont se régaler ! ".

Film "Fono et ses frères" : Retour aux îles Tonga

Explorateur de rugby lointain, le réalisateur toulousain Christophe Vindis transporte son œuvre de documentariste sur les îles Tonga : “Fono et ses frères” raconte l’immigration des forces vives du rugby tongien sur les terres agenaises.

Il leur a fallu glisser en bas de la planisphère pour toucher le sol natal des joueurs tongiens. Trente huit heures de vol pour filmer trois semaines durant ces joueurs de rugby aux gabarits herculéens qui foulent le reste de l’année les coulisses du Club Sporting Union Agenais. Ueleni Fono, Mose Moala, Opeti Fonua, viennent d’un autre monde, un archipel d’îles minuscules flottant au milieu du Pacifique, à 20° de latitude Sud et 179° de longitude ouest. La première surprise pour le réalisateur Christophe Vindis a été la grande précarité des insulaires : « Il n’y a pas d’eau courante, ni d’activité économique. Sur l’île de Fono, il n’y a pas de dispensaire. Nous sommes allés sur les îles Tonga pour parler de leur vie, de cette distance qu’ils doivent supporter alors que leur famille vit ici et que eux sont à des milliers de kilomètres. Quelle nécessité a fait loi, pour que ces hommes quittent tout, pour venir gagner leur vie ici, à Agen ? » .

“Fono et ses frères” éclaire le nouveau visage du rugby professionnel, qui a les traits de l’hémisphère Sud, et de son immigration économique. Pièce maîtresse du documentaire, symbole de cette nouvelle donne, un homme, Ueleni Fono. « Il est la locomotive du film, parce qu’il est entre deux cultures. Il est marié à une française, et son île est la plus reculée du Tonga. Le père de Fono s’est noyé quand il n’avait que 19 ans. Il est devenu le chef d’une famille de 9 frères et soeurs. J’étais moins à la recherche du rugby que de leur vie. » Les deux étant intimement liés. « Là bas le rugby est partout, entre les mains des petits et des grands. Leur occupation principale est de se lancer des défis, d’organiser des affrontements entre les villages. Ils ont un plaisir du jeu permanent. »

Rugby Card
Les entraîneurs du monde entier font le tour du globe pour aller recueillir dans cet Etat de Polynésie ces guerriers et les déposer sous les cieux australiens et néo-zélandais… ou sur la pelouse du Stade d’Agen. Le Sporting Union Agenais compte aujourd’hui dans son effectif professionnel, sept joueurs. Le film, tendu entre les deux hémisphères, suit ces dieux du rugby dans leur club où ils sont entièrement pris en charge : salaire, cours de français, gestion de leur compte en banque… Pour ces hommes qui sont souvent à charge de famille, un salaire qui varie entre 6000 et 12000 euros. « La professionnalisation du rugby permet à ces joueurs de monnayer leur talent, et de vivre de leur passion. Les clubs eux choisiront le meilleur rapport « qualité/prix », puisqu’un joueur tongien coûtera moins cher qu’un joueur français. »

Christophe Vindis, né à Agen, issu d’une immigration italienne et d’Europe de l’est, fouille ici les racines de l’exode, qui sont aussi les siennes. D’un film à l’autre, le rugby comme prétexte, le réalisateur soulève les vrais enjeux du rugby moderne et dresse en creux l’auto-portrait d’un homme attaché à ses terres. Ici et au delà.

Le groupe Dépêche du Midi se développe en Ovalie

Le groupe de presse diversifie ses activités dans la restauration et l’événementiel en développant la notoriété de ses marques, "Midol" en tête.

Au pays de l’Ovalie, la Dépêche du Midi avance de sérieux arguments. Sa marque "Midi Olympique" est en constante progression grâce aux bonnes performances du rugby local. Afin de capitaliser sur les valeurs du rugby, le groupe de presse a décidé de créer son propre réseau de brasseries « Midol ». Pour cela, plusieurs partenariats ont été signés : avec Denis Meliet, le chef d’entreprise déjà à l’origine des enseignes « J’Go », mais aussi avec le groupe Carle, qui a en charge la gestion exclusive des affaires immobilières (prospection, montage, réalisation, aménagement, etc.).

« La cible est naturellement orientée dans un premier temps vers le Sud-Ouest et plus particulièrement Bordeaux, Toulouse et l’axe Bayonne Anglet Biarritz », explique le groupe Carle dans un communiqué. Par ailleurs, l’entreprise s’est adjointe cet été les services de l’ancien champion Xavier Garbajosa afin de développer ses activités de prospection. La première brasserie estampillée Midi Olympique est attendue en 2012.

Avec son réseau de brasseries, la Dépêche du Midi s’engage vers une nouvelle voie de diversification de ses activités. Celle-ci peut aussi compter sur la filiale Ovalie Communication. Créée en 2010 et principalement basée à Paris, cette entité a pour but de promouvoir des événementiels sportifs et du marketing sportif autour des valeurs du rugby. De quoi promouvoir encore un peu plus les publications sous bannière Midi-Olympique.