DEFENSE DE L'ECOLE PUBLIQUE

Les vidéos étant trop lourdes à déposer sur le forum, Le P'tit Col'porteur dépose donc l"intégralité du discours des participants à cette manifestation.

Pour ne pas interpréter les discours, Le P'tit Colporteur a transcris mot à mot le détail des prises de paroles, sans en arranger les tournures. Il s'agit d'un langage parlé


Alain Refalo : Je vous remercie d'être présent à cet appel. Je vais donner la parole tout d'abord aux deux représentantes de la FCPE , puis à Pierre Dumont représentant du SNUipp, et au représentant de l'ACSE Cultivons d'autres possibles.


FCPE : En tant que représentante de la FCPE , nous sommes là encore aujourd’hui pour dire que nous voulons une école publique de qualité pour nos enfants. Nous souhaitons que s’arrête cette casse de l’Ecole publique et c’est pour cette raison que nous apportons notre soutien aux enseignants désobéisseurs qui ont la seule attitude raisonnable sur ce sujet.
Nous ferons tous les jeudis un rassemblement identique et nous vous espérons plus nombreux, chaque semaine.

Alain Refalo :Merci à tous les parents d’élèves qui sont bien représentés ce soir. Je passe la parole à Pierre Dumont.



Pierre Dumont : Il est important de noter toutes les initiatives de résistance dans les écoles même si elles ne sont pas toujours déclarées. Soyons bien conscient que dans toutes les écoles beaucoup d’enseignants , même s’ils ne revendiquent pas, bloquent les remontées d’évaluation des CM 2, par exemple, bloquent aussi les demandes d’inscription aux stages puisque c’est ce que nous voyons arriver maintenant dans les écoles pour les stages de vacances de Pâques. Partout, tout le monde résiste, faisons le remonter, soyons nombreux à le faire. Soyons aussi nombreux, demain au pique nique , lors de la journée du CDEN devant la Préfecture puisque c’est là que seront entérinées les mesures de fermeture de poste. Soyons nombreux le 19 mars pour la journée de grève interprofessionnelle, soyons nombreux aussi le 10 et 11 mars pour les journées de grève dans l’éducation, de la maternelle à l’université.

Alain Refalo : Actuellement, sur la France nous sommes 2200 enseignants recensés ayant écrit une lettre individuelle ou collective de désobéissance. Comme on l’a déjà dit, c’est l’arbre qui cache la forêt. C’est un mouvement de résistance et de désobéissance qui est beaucoup plus large.
En ce qui me concerne, sur la Haute Garonne, j’ai été sanctionné financièrement. Concrètement cela veut dire 5 jours de retrait de salaire au mois de janvier qui ont été retirés fin février. Il y a de nombreuses tentatives d’intimidation vis-à-vis des enseignants qui n’ont pas fait passé totalement des évaluations Cm2 ou qui n’ont pas voulu rentrer les informations dans le fichier. Il faut donc s’attendre à des pressions voire des sanctions dans les semaines qui viennent qui vont certainement toucher d’autres enseignants, y compris en Haute Garonne. En Hte Garonne, il y a 70 enseignants recensés « désobéisseurs » qui ont envoyé une lettre individuelle ou collective. Il est très curieux que Mr Baglan , l’inspecteur d’académie dise à tout va, dans les médias, que sur son bureau , il n’y a que 2 lettres de désobéissance. Evidemment il cherche à minimiser ce mouvement alors qu’il sait pertinemment qu’il y a au moins 70 enseignants qui sont déclarés et qu’il y en a bien plus qui sont en désobéisssance. Mais la grande hypocrisie de Mr Baglan c’est de ne pas vouloir voir tous ces enseignants qui refusent d’appliquer les nouveaux programmes , qui refusent d’appliquer à la lettre le dispositif d’aide personnalisée et préfère se concentrer sur ceux qui l’affichent et encore quelques uns seulement. Je crois que cette hypocrisie là, il faut continuer à la dénoncer. Ce qui lui importe ce n’est pas tellement que les réformes fonctionnent, ce n’est pas tellement que ça fonctionne bien dans les écoles mais c’est surtout qu’on ne dise pas que les enseignants n’appliquent pas les réformes du Ministre.

Jeudi prochain, le 11 mars, ce sera la Journée Nationale de la désobéissance. Un peu partout en France il y aura encore des remises de lettres individuelles ou collectives de désobéissance. Il y aura des actions, des rassemblements à proximité des rectorats et des Inspections Académiques. Il y aura probablement une nouvelle remise de lettre de désobéissance issue d’enseignants du Mirail. Je n’oublie pas non plus la journée du mercredi 10 qui est une journée de mobilisation de la maternelle à l’université et tout particulièrement le rassemblement qui aura lieu à 18 h 30 place du Capitole à Toulouse.

C’est important pour les parents et les enseignants, ce serait bien si jeudi prochain nous puissions être encore plus nombreux. Si chacun d’entre nous vient avec deux ou trois autres personnes, ce rassemblement ne fera que grandir et grossir. C’est très important que sur le plan médiatique nous continuions à mobiliser et à faire pression sur les inspections départementales et les inspections académiques.


ACSE : Vous comprendrez que l'ACSE ne peut être que sensible à ce qui se passe aujourd’hui avec les « désobéisseurs » pour plusieurs raisons. La première c’est que quand la qualité de l’école est altérée par des choses qui participent à la stigmatisation de certains publics et notamment des jeunes et des enfants qui sont en difficulté, on se sent absolument concerné. On trouve qu’il y a des alternatives à ça, surtout des alternatives à des décisions qui sont prises d’en haut, sans aucune concertation.
La deuxième c’est la forme du mouvement que Alain impulse, c’est cette désobéissance à partir de la culture de la non violence. On constate aujourd’hui dans les quartiers, des jeunes qui sont en difficulté, des parents, qu’il y a un enjeu pour nous. Ça vaut exemple. Cette démarche là, au-delà de toute revendication, c’est aussi la forme qu’elle prend. Et cette forme, nous devons aussi l’irriguer dans toutes les strates de la population. Les injustices touchent l’école maintenant, c’est ce que vous vivez aujourd’hui et cela concerne tout le monde, toute la société civile. Mais en tout état de cause, il y a aussi d’autres injustices qui touchent toute la population via la crise sociale, la crise monétaire et la crise écologique. Nous sommes très sensibilisés par rapport à toutes ces questions.

Vous comprendrez que quand nous sommes en contact avec des jeunes qui posent problèmes, qui cristallisent les regards où la population ne semble pas comprendre et où certains jeunes réagissent de façon violente, on a envie de leur parler d’une forme de résistance qui est la non violence, la désobéissance, pour lutter contre les injustices.

Pour nous, il y a donc un enjeu à plusieurs niveaux. Comme nous sommes conscients de tout ça et que tout ça participe aussi de l’intérêt collectif,de toute la population, nous sommes porteurs du Festival Camino, agir pour la non violence . Dans le cadre de ce Festival et cela va rejoindre toute la mouvance de la désobéissance pédagogique, le 17 juin on organise une marche entre le Festival Camino et le Festival Rio Loco pour porter le manifeste Camino. J’ai donc une invitation à signer deux pages sur la non violence. Mais en même temps, cette marche a aussi vocation à revendiquer l’éducation, l’enseignement, la culture de la non violence, dans les écoles, les collèges et les lycées. Il y a un enjeu majeur. Pourquoi un partenariat avec le Rio Loco ? Parce que le thème de Rio Loco en juin prochain, c’est le Maghreb. Donc la revendication pour l’apprentissage de la culture de la non violence c’est pour les 2 rives de la méditerranée, c’est pour que les deux continents, en simultanée revendiquent des décisions politiques pour qu’on puisse trouver les moyens d’enseigner intelligemment l’ensemble de ce qui constitue la non violence"

Jack Lang soutient Alain Refalo....

L'ancien Ministre socialiste de l'Education Nationale, Jack Lang qui est déjà intervenu pour sauver les Rased à l'Assemblée Nationale au début du mois de février, vient d'adresser un courrier à Xavier Darcos, actuel Ministre de l'Education Nationale.

Il lui demande la clémence vis à vis de la dure sanction qui a frappé Alain Refalo, professeur des écoles de Colomiuers, qui refuse d'appliquer les nouvelles réformes.

Sanctionné par un retrait de salaire de 2 journées par semaine, depuis le 4 Janvier, Alain Refalo, premier d'une longue lignée d'enseignants "désobéisseurs" s'est vu par la suite refuser la promotion à laquelle il avait droit.

Jack Lang demande à Xavier Darcos "de bien vouloir reconsidérer ces sanctions et d'ouvrir d'urgence la voie à l'indispensable et nécessaire dialogue entre les inspecteurs et les enseignants".....

Source : La Dépêche du Midi