DECHETTERIE DE COLOMIERS

La récup' de métaux crée des tensions dans les déchetteries

À la déchetterie de Colomiers notamment, les récupérateurs défient l'ordre public. De plus en plus de récupérateurs de métaux envahissent les déchetteries de l'agglomération. La pratique est interdite et engendre des tensions avec les particuliers et les employés des déchetteries.

Déchetterie de Colomiers, vendredi à midi. Un fourgon blanc, à cheval sur le trottoir. Devant, deux hommes guettent l'arrivée de voitures venues déposer des déchets.

Les deux hommes ne parlent pas français. Coup de chance, un deuxième fourgon arrive. La passagère peut traduire : « Que font-ils devant la déchetterie ? Attendent-ils de récupérer des déchets métalliques ? » La réponse des deux hommes fuse : « On n'a rien à voir avec ça ». Ils remontent dans leur fourgon et quittent les lieux. Pourquoi ?

« Là, il n'y avait qu'un fourgon, mais le week-end, ils sont jusqu'à dix, témoigne un employé de la déchetterie. Ils interceptent les véhicules de particuliers avant leur entrée dans la déchetterie, et leur demandent leur chargement. Parce qu'eux, ne peuvent pas entrer dans la déchetterie. Il y a un poste de garde et des barrières ». Et parfois, ça tourne au vinaigre.

« Entre eux, il y a des tensions, des engueulades, et même des coups. Mais ils peuvent être très pressants vis-à-vis des particuliers aussi. Ils ouvrent les portes des voitures si les gens refusent de leur donner leur cargaison. »

Le soir, après la fermeture de la décharge, les pratiques deviennent carrément illégales. « Ils passent les appareils électroménagers par-dessus les barrières, non sans dégâts (barrière arrachée et sol jonché d'éclats de métal), et les chargent dans un camion. »

Parmi les pièces les plus lucratives à la revente, le cuivre des TV (4,90 € le kg), le moteur des réfrigérateurs (2 € environ), le laiton (2,80 € le kg).

Chez Cash Metal, juste derrière la déchetterie de Colomiers, il suffit de présenter une pièce d'identité et les papiers du véhicule qui transporte les matériaux pour récupérer une somme non négligeable. « En fonction des déchets, ça peut aller jusqu'à 180 € la tonne ».

Le plomb, le zinc et l'alu ne sont valorisés « que » 0,70 € le kg. Mais avec une quinzaine de lave-linge, la tonne est atteinte. En faisant le tour des décharges de l'agglomération, le business peut devenir lucratif.

50 Euros par jour. C'est ce que peut rapporter une « bonne » journée aux récupérateurs, en revendant leurs métaux à des entreprises spécialisées.

« Évidemment, on appelle la police. Mais les ferrailleurs sont très difficiles à coincer. Alors maintenant, on laisse faire. Si on s'interpose, on risque des coups. » Un employé de la déchetterie de Colomiers.

Eliminer les objets devenus inutiles, les déchets verts ou autres gravats dans une déchetterie est un acte citoyen indispensable à la préservation de l'environnement. Un geste qui permet aussi d'éliminer toutes les décharges sauvages. Mais tenter de le faire dans celle de Colomiers relève d'une épreuve souvent pénible. Longue file d'attente y compris en milieu d'après-midi pendant les vacances, espace trop réduit provoquant parfois de vrais embouteillages, propreté discutable, signalétique incertaine peuplent d'embûches ce parcours du combattant…

Quand on interroge les automobilistes présents, les avis se rejoignent : « on attend ici plus qu'ailleurs » ou encore « on passe tout de suite à Cornebarrieu ou à la Saudrune à Cugnaux mais ici ce n'est pas le cas ».

L'espace doublé pour 2014

Si le personnel essaie de faire pour le mieux, il semblerait que cette déchetterie soit victime de son succès et qu'elle soit aujourd'hui sous-dimensionnée par rapport aux besoins des habitants des communes concernées et, en particulier, des deux villes importantes que sont Colomiers et Tournefeuille.

« Les plans de la nouvelle sont prêts », lance un membre du personnel… Ouverte en 1985 pour 30 000 habitants, cette déchetterie innovante à l'époque est devenue obsolète et trop petite pour une population en constante augmentation dans de secteur géographique.

« Cette déchetterie est devenue totalement saturée », reconnaît Georges Beyney, président de Decoset, le syndicat mixte qui gère la structure. « Nous allons signer dans quelques jours l'acquisition d'un terrain avec la mairie de Plaisance-du-Touch. Il s'agit d'un espace de 13 000 m2, soit le double de l'actuelle déchetterie qui se trouve juste à côté. Nous souhaitons développer de nouvelles filières comme le textile et ouvrir en 2014 ».