Fruits et légumes bradés sur les étals à Toulouse....

13 h 30, fin du marché Cristal sur les boulevards, à Toulouse. Tandis que les exposants commencent à ranger, un public arrive, souvent sac à dos ou caddy pour faire ses emplettes ici et là, en fruits et légumes.

Au milieu de l'allée centrale, sur un étal, un lot de barquettes de framboises attire leur regard avisé : « On a l'œil, lance Laurence, étudiante, depuis peu sur Toulouse. On repère vite les marchandises intéressantes. Là, pour 1 €, ces framboises sont une bonne affaire ». Laurence a des petits moyens et ce matin, l'occasion est belle pour elle de manger des fruits rouges.

Au marché Cristal, c'est devenu habituel pour les exposants de voir défiler en fin de matinée, ce public défavorisé : « Ils viennent quasiment tous les jours, note Samir, maraîcher. Ce sont surtout des étudiants et des personnes âgées aux retraites trop minces. Il y a aussi quelques familles de l'Est. Alors soit on brade des lots de fruits, soit on leur donne. C'est mieux que de jeter ».

Ces personnes, souvent discrètes viennent s'approvisionner en fruits et légumes amassés dans des bassines de couleur : « J'ai 80 ans et je n'ai quasiment pas de retraite, souligne Haio, d'origine vietnamienne, parapluie à la main. Je viens chaque jour ici acheter une salade à 0,80 €, des tomates, des concombres. Les marchands sont sympas, il me laisse choisir ».

« Ces personnes sont de plus en plus nombreuses et à force, on les connaît, reprend Farid, primeur, alors on leur met de côté ce qu'ils aiment. J'ai même reconnu mon ancien professeur du lycée. Son parcours a dû être dur ».

Justin, 72 ans, cheveux blancs comme neige, n'avoue pas sa précarité : « Je ramasse ces feuilles de salades pour mes poules et j'achète quelques pommes en même temps ».

Laurent, 60 ans, chômeur, s'est vu offrir deux bassines de tomates, parfois un peu écrasées : « Cela m'aide beaucoup, aujourd'hui, c'est un bon jour ».

À quelques mètres de là, le marché Victor-Hugo pratique moins ce rituel : « Les personnes précaires viennent moins qu'au Cristal, relève Serge, primeur. Ce n'est pas le style du marché. Je suis quasiment le seul à donner à la fermeture ». Aux alentours de 13 h 30, Serge brade ce qu'il lui reste et qu'il sait ne pas vendre le lendemain. « Je laisse les salades, les courgettes à 0,80 € par exemple ou bien je donne au lieu de jeter. On ne sait jamais si un jour on ne sera pas à leur place ».

Les anti gaspi à Saint-Aubin
Le dimanche le marché Saint-Aubin a aussi l'habitude de ce public : « Ici, depuis un ou deux ans, beaucoup d'étudiants viennent en fin de marché faire leurs courses à prix bradés, note un exposant. Pour eux c'est une façon de se nourrir sans trop dépenser. Ils ont souvent de gros problèmes d'argent ».

Autre public, plus étonnant celui -là, les anti gaspi : ce public souvent étudiant ou jeune salarié n'est pas dans le besoin : « Ils viennent ramasser dans les poubelles pour combattre le gaspillage. Pour eux, c'est une façon de dénoncer notre société de consommation ».